Les infections bactériennes du tractus gastro-intestinal dues à l’eau ou aux aliments contaminés, accentuées par des facteurs de stress, constituent l’un des principaux défis de la production animale. Les animaux des troupeaux infectés présentent une digestion déficiente des graisses et des vitamines liposolubles, de faibles taux de production dus à la compétition pour les nutriments entre le microbiote pathogène et l’hôte, ce qui entraîne des pertes économiques, non seulement dues à une diminution de la production, mais également à une augmentation des coûts vétérinaires et les frais d’assainissement.

Il est donc important d’atteindre un bon niveau de santé intestinale et de disposer de bonnes mesures préventives contre les infections intestinales et les mycotoxicoses pour obtenir une bonne productivité.

L’utilisation d’acides organiques, de leurs sels et dérivés tels que les monoglycérides d’acides gras, dans l’alimentation animale s’est avérée être une excellente alternative face à une demande croissante de produits naturels sur le marché alimentaire et dans la production aquacole.

Il est important de souligner que le montant d’acides organiques à utiliser dans la supplémentation en aliments ou en eau doit être adéquat pour obtenir des résultats positifs en matière de performance productive. Un excès d’acides organiques peut entraîner une diminution des paramètres de production ou l’apparition d’altérations métaboliques : diminution de la consommation alimentaire et acidose métabolique.

L’eau, source d’infections

La qualité de l’eau est essentielle à la croissance et au développement des différentes espèces d’intérêt en aquaculture. Il est non seulement important d’assurer un approvisionnement correct en eau, mais également d’assurer une qualité physico-chimique et microbiologique adéquate, car dans les systèmes aquicoles, la même source d’eau alimente un grand nombre de bassins.

Sur le plan microbiologique, même si elle n’offre généralement pas les conditions idéales pour son développement et sa multiplication, l’eau permet la survie des pathogènes et devient un véhicule efficace pour leur transmission tant aux animaux qu’aux humains.

Les acides organiques sont utilisés dans la production aquacole depuis des années, tant dans l’alimentation que dans l’eau, et présentent de nombreux avantages et inconvénients que nous développerons. Il est important de préparer un plan de traitement adéquat, utilisant une méthode ou une combinaison de plusieurs, qui convient le mieux aux besoins de chaque exploitation, pour garantir la qualité microbiologique maximale de l’eau.

Acides organiques.

Les acides classés comme « organiques » utilisés dans la production aquacole sont des acides carboxyliques qui, selon la longueur de leur chaîne carbonée, peuvent être classés en acides à chaîne courte, moyenne ou longue. Les acides gras à chaîne courte (AGCC) sont appelés lorsqu’ils comportent moins de 6 atomes de carbone, compris dans cette catégorie, entre autres, l’acide acétique, citrique, formique, propionique, lactique ou sorbique. On les appelle à chaîne moyenne (AGCM) lorsqu’elle contient entre 6 et 12 atomes de carbone (comme l’acide caprique, caprylique ou laurique) et à chaîne longue (AGCL) lorsqu’elle dépasse 12 atomes de carbone (comme l’acide myristique).

Bien qu’ils puissent être utilisés séparément, la plupart des présentations commerciales incluent une combinaison de deux ou plusieurs acides, qui peuvent être utilisés librement, leurs sels (généralement d’ammonium ou de calcium) ou estérifiés avec du glycérol. Ceci s’explique par ses propriétés physicochimiques, son mode d’action sur l’animal et les micro-organismes, et par les différentes sensibilités que ces derniers présentent face à différents composés.

Leurs mécanismes d’action

Les mécanismes d’action de ces composés ont été largement étudiés, ainsi que leurs effets sur différentes espèces aquacoles. Ses principales actions dans l’organisme sont dues à son effet antimicrobien (à la fois bactériostatique et bactéricide), son effet antifongique, sa capacité à stimuler les sécrétions hépatopancréatiques, à modifier la morphologie intestinale, à abaisser le pH digestif, à agir comme source d’énergie et à améliorer la digestibilité et l’utilisation des minéraux et d’autres nutriments.

Les molécules d’acide existent sous forme non dissociée (H-COOH) et dissociée (HCOO-H), celles-ci dépendent de leur valeur pKa ou valeur pH du milieu dans lequel ledit acide est à 50% sous sa forme dissociée et à 50% sous sa forme non dissociée, ces paramètres sont différents pour chaque acide. La forme non dissociée est capable de pénétrer dans les parois cellulaires des bactéries Gram négatif. Une fois à l’intérieur de la bactérie, elle se dissocie en libérant un proton (H) qui réduit le pH cytoplasmique et affecte l’intégrité des chaînes d’ADN cellulaire (ce qui peut provoquer la mort cellulaire). Ce changement de pH force la bactérie à éjecter activement des protons, jusqu’à ce qu’elle manque d’énergie et soit donc incapable de se multiplier.

En revanche, les formes dissociées libèrent des protons dans le milieu, ce qui entraîne une diminution du pH et crée donc des conditions défavorables à la multiplication des bactéries. Les acides à pKa plus faible (comme l’acide formique) libèrent plus de protons dans le milieu et réduisent donc davantage le pH que les acides à pKa plus élevé (comme l’acide propionique), ces derniers resteront majoritairement sous leur forme non dissociée et donc pourront donc pour exercer leur effet antibactérien.

L’effet antibactérien des acides présents dans le tube digestif présente un double bénéfice : cela évite non seulement la multiplication et la colonisation d’agents pathogènes qui peuvent affecter la santé et les performances productives, mais réduit également la concurrence pour les nutriments alimentaires, afin que l’animal puisse en profiter davantage.

Comme mentionné, les micro-organismes ont des sensibilités différentes aux différents acides organiques. Par exemple, il a été démontré que l’acide propionique a un effet fongicide plus important, tandis que l’acide formique a un effet bactéricide et bactériostatique plus important contre les espèces Vibrios, Pseudomonas, Clostridium, Salmonella, Campylobacter ou Escherichia que l’acide propionique et lactique. De même, il a été constaté qu’une concentration d’acide formique plus faible est nécessaire pour exercer un effet bactéricide contre Clostridium perfringens, Campylobacter jejuni ou Salmonella typhimurium (concentration minimale inhibitrice (CMI) de 0,10 %), que contre Escherichia coli ou Clostridium botulinum (CMI). de 0,15 %).

Conclusions

On peut donc conclure que les acides organiques présents dans l’eau ont un pouvoir antibactérien qui aide à contrôler sa qualité microbiologique, en plus de générer des propriétés bénéfiques pour les animaux, tant individuellement qu’en combinaison avec d’autres. Son utilisation, ainsi que sa combinaison avec d’autres méthodes de désinfection, dépendra des caractéristiques de chaque exploitation agricole, de l’historique de la qualité de l’eau et des objectifs que l’on souhaite atteindre.